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Jeanne Benameur, "Profanes"

Posted By: TimMa
Jeanne Benameur, "Profanes"

Jeanne Benameur, "Profanes"
Publisher: Thélème | 2013 | ISBN: 2878627636 | French | MP3 128 Kbps | Lenght: 07:55:11 | 281.48 Mb

Ancien chirurgien du coeur, il y a longtemps qu’Octave Lassalle ne sauve plus de vies. A quatre-vingt-dix ans, bien qu’il n’ait encore besoin de personne, Octave anticipe : il se compose une "équipe". Il organise le découpage de ses jours et de ses nuits en quatre temps, confiés à quatre "accompagnateurs" choisis avec soin. Chacun est porteur d’un élan de vie aussi fort que le sien, aussi fort et pourtant retenu par des ombres et des blessures anciennes. C’est l’histoire de ces cinq vies qui se croisent, se confient et se mêlent, irrésistiblement attirées par la maison d’Octave Lassalle et le secret qu’elle renferme.
Ils sont là, derrière la porte. Il ne faut pas que je rate mon entrée.
Maintenant que je les ai trouvés, tous les quatre, que je les ai rassemblés, il va falloir que je les réunisse. Réunir, ce n'est pas juste faire asseoir des gens dans la même pièce, un jour. C'est plus subtil. Il faut qu'entre eux se tisse quelque chose de fort.
Autour de moi, mais en dehors de moi.
Moi qui n'ai jamais eu le don de réunir qui que ce soit, ni famille ni amis. A peine mon équipe à la clinique, parce qu'ils y mettaient du leur. Je leur en savais gré. Ce n'est pas la même affaire dans une clinique, les choses se font parce que sinon c'est la vie qui part. Ce n'est pas autour de moi qu'ils étaient réunis, c'était contre la mort. Et ça, c'est fort.
Là, j'ai su tenir ma place.

J'ai quatre-vingt-dix ans. J'ai à nouveau besoin d'une équipe.
Il faut que ces quatre-là, si différents soient-ils, se tiennent. Pour mon temps à venir. Je m'embarque pour la partie de ma vie la plus précieuse, celle où chaque instant compte, vraiment. Et j'ai décidé de ne rien lâcher, rien.
Les quatre, là, derrière la porte, je les ai choisis avec soin, tant que ma conscience est aiguë. Pas question qu'on me colle n'importe qui pour s'occuper de ma carcasse quand il sera trop tard pour choisir. J'ai encore toutes mes facultés intellectuelles et physiques, même si le corps fatigue trop vite, regimbe et pousse trop la douleur dans les articulations. Je n'ai pas besoin d'eux aujourd'hui, mais j'ai toujours su anticiper.
C'est ce qui a fait de moi un bon chirurgien.
Un bon chasseur aussi.
Un paradoxe, oui, il a toujours fallu une once de mort dans ma vie.
Les bêtes tuées en plein élan, c'était mon tribut à payer. Juste "redonner la vie" à des patients, c'aurait été se prendre pour Dieu. La chasse, c'était ma façon de garder l'équilibre. Je n'y prenais pas vraiment de plaisir. Je buvais avec les autres après, je festoyais aussi. Et je retournais à la clinique.
J'ai arrêté la chasse le jour où je n'ai plus opéré.

Depuis j'ai eu le temps de réfléchir, de décider. Pas de pourriture dans le vivant, alors pas d'arrêt. C'est l'arrêt du désir qui fait le nid à tout ce qui crève. Plus d'élan, plus de vie.
Et moi je veux vivre. Pas en attendant. Pleinement.

J'ai trop vu comment ça se passait pour ceux qu'on appelle "les patients". C'est dans les chairs aussi, leur "patience". C'est cette "patience" que j'ai essayé d'extraire chaque fois que j'opérais. Cette patience-là n'est pas une vertu, quoi qu'on en dise. J'y ai mis toute ma science de bon chirurgien.


A 90 ans, Octave Lassalle n'a pas envie de s'assoupir dans le grand âge. Il pourrait pourtant laisser les jours fermer leur parenthèse. Il aurait tant de raisons de se sentir fatigué. L'âge, bien sûr, et ses essoufflements. Les articulations douloureuses, le coeur qui bat trop vite. Et ce métier de chirurgien qu'il a tenu jusqu'au bout, poussé au sacerdoce. Des vies, sauver des vies. Mais il n'a rien pu faire pour celle de sa fille, Claire, morte il y a longtemps dans un accident. Rien pu faire, non plus, pour retenir Anna, sa femme, qui s'est enfuie, après, en le détestant. Combien lui reste-t-il à vivre ? Aucune certitude. " Je m'embarque, dit-il, pour la partie de ma vie la plus précieuse, celle où chaque instant compte, vraiment. "…
Toute l'oeuvre de Jeanne Benameur procède de cette forme neuve de rédemption. De ses poèmes à son théâtre, à ses livres pour la jeunesse, elle distille un doute ardent. Profanes en est, sans doute, la plus vive expression. (Xavier Houssin - Le Monde du 17 janvier 2013)

Par quelle grâce cette romancière parvient-elle à transformer les sujets les plus douloureux en odes à la vie ? Jeanne Benameur est l'auteur de deux merveilleux romans, Les Demeurées et Les Insurrections singulières. Et voici que Profanes, son nouveau livre, se hisse à ce niveau de perfection du langage, de justesse de ton…
Sur un sujet sombre, Jeanne Benameur réussit l'exploit de nous offrir un livre lumineux. La foi, le doute, les ombres, mais aussi la joie, l'amour, l'instant : tout cela s'entrechoque et cogne. Une question traverse tout ce livre : comment enterre-t-on les souvenirs ? Y a-t-il un charnier où on peut les abandonner une bonne fois ? "La mémoire est une hyène, elle fouille, trouve toujours un lambeau à arracher", répond Jeanne Benameur. (François Busnel - L'Express, février 2013)


Jeanne Benameur, "Profanes"
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