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Peter Dale Scott, "La Route vers le Nouveau Désordre Mondial: 50 ans d’ambitions secrètes des États-Unis"

Posted By: TimMa
Peter Dale Scott, "La Route vers le Nouveau Désordre Mondial: 50 ans d’ambitions secrètes des États-Unis"

Peter Dale Scott, "La Route vers le Nouveau Désordre Mondial: 50 ans d’ambitions secrètes des États-Unis"
Publisher: Demi-Lune | 2010 | ISBN: 2917112166 | French | PDF | 512 pages | 191.25 Mb

Depuis les années 1960, les choix en matière de politique étrangère états-unienne ont conduit à la mise en uvre d'activités criminelles, et à leur dissimulation, tantôt partielle parfois totale. Dans ses précédents essais, Peter Dale SCOTT a témoigné de l'implication de la CIA dans de graves exactions, dont différents coups d'État, ou dans la mise en place d'une véritable géopolitique de la drogue et des guerres qu'elle permet de financer. Il sonde ici la manière dont les décisions, irrationnelles (voire paranoïaques) et à courte vue, prises par les Présidents américains depuis Nixon ont engendré une plus grande insécurité dans le monde, notamment en renforçant les réseaux terroristes responsables des attentats de 2001. L'auteur montre comment l'expansion de l'Empire américain depuis la seconde guerre mondiale a conduit à ce processus de décisions iniques et dangereuses dans le plus grand des secrets, souvent à l'insu des responsables démocratiquement élus. À partir d'exemples précis, il illustre comment ces décisions furent l'apanage de petites factions très influentes au sein d'un « supramonde » qui agit sur l'État public à travers des institutions secrètes (comme la CIA), au détriment de l'État démocratique et de la société civile. L'analyse de l'implémentation de ces programmes établit la longue collaboration des principaux services de renseignement des États-Unis avec des groupes terroristes, qu'ils ont à la fois aidés à créer et soutenus, dont la fameuse organisation al-Qaïda. Dans un autre registre, parallèle et tout aussi fascinant, Peter Dale Scott explique clairement le danger que fait peser sur la démocratie l'instauration, sous l'administration Reagan, du plan ultra secret de « continuité du gouvernement », qui existe toujours D'aucuns crieront sans doute à la « théorie du complot », mais la qualité de l'argumentation, étayée par une documentation encyclopédique fait de ce travail une magistrale et passionnante leçon d'histoire contemporaine, qui nous plonge dans les méandres des rivalités de ceux qui détiennent le vrai pouvoir, pour comprendre le monde tel qu'il est, et non tel qu'il paraît être.
L'Amérique, comme nous l'avons connue et aimée, peut-elle être sauvée ?

Le 17 mars 2003, le Président George W. Bush lança un ultimatum à Saddam Hussein; il devint alors certain qu'il déclarerait bientôt une guerre préventive contre l'Irak. Ce fut un choc - un choc qui m'a poussé à admettre, contre ma volonté, combien les États-Unis avaient changé depuis que j'avais émigré du Canada en 1961. De graves problèmes sociaux accablaient la population dans les années 1960. Néanmoins, les rêves de justice et d'égalité restaient vivaces. Aujourd'hui, beaucoup de ces rêves sont en cours d'abandon, tout du moins par l'État.

Lorsque les rêves sont délaissés, l'avenir de toute la nation en est altéré. Les États-Unis de 1961 n'ont pas disparu, mais ils ont changé de direction. Ce pays s'est écarté de son chemin pour devenir une post-Amérique bien différente, dans laquelle les libertés et les droits traditionnels aussi bien que la transparence ont été fortement érodés. En écrivant cela, je ne fais pas simplement référence aux crimes en col blanc d'Enron et d'autres sociétés qui ont contribué à financer le fossé existant entre nos partis politiques et la quête de justice sociale. Je ne pense pas uniquement à la négation des traités internationaux, par l'administration Bush, concernant la limitation des armements ou encore la torture, ni à son comportement diplomatique grossier et à son attitude provocatrice envers la Charte des Nations Unies. Je ne rappelle pas seulement les violations des procédures électorales en Floride, ni les abus juridiques qui les ont validées. Je ne parle pas non plus simplement de la redéfinition de notre mode de gouvernement et de nos droits civiques au nom de la «sécurité intérieure».1 Je parle des changements plus profonds qui se produisirent sous la surface de cette corruption, de cette incompétence, de cette malveillance, et de cette hystérie.

Les empires s'avèrent toujours être des «mauvaises nouvelles» pour leur pays d'origine, comme l'économiste J.A. Hobson l'a fait remarquer il y a un siècle. L'Espagne, l'une des nations les plus progressistes d'Europe au début du XVIe siècle, a perdu son économie florissante ainsi que sa classe moyenne sous un déluge de métaux précieux en provenance du Mexique et des Andes. D'une manière plus complexe, un afflux de richesse venant de l'étranger a converti la Grande-Bretagne - un pays industriel - en un pays financiarisé, bien avant que sa structure sociale soit affaiblie plus encore par deux guerres mondiales désastreuses. Cette transformation est en train de se produire également aux États-Unis.

En 1961, lorsque je suis venu, pour un an, enseigner à l'Université de Californie, il n'y avait pas de frais d'inscription, et pratiquement tous les bacheliers avaient les moyens de s'offrir un cursus universitaire. Je me souviens d'un étudiant qui, après 7 années passées dans les mines de charbon, utilisait ses économies pour faire des études de Droit. En 1970, 31 % du budget de l'État de Californie étaient consacrés à l'éducation supérieure, et 4% au système pénitentiaire. En revanche, en 2005, les parts de ces dépenses étaient respectivement de 12% et de 20%. En d'autres termes, les priorités de cet État se sont déplacées des universités vers les prisons. Considérons le logement. En 1961, deux ans de mon salaire de chargé de cours débutant m'auraient suffi pour acheter une maison à Berkeley. Aujourd'hui, 20 années de salaire seraient nécessaires pour acquérir la même maison. Comme je l'ai écrit dans mon long poème, Minding the Darkness, on ne peut s'attendre à rien d'autre lorsque les capitaux étrangers, majoritairement constitués d'argent sale ou d'évasion fiscale, pénètrent aux États-Unis à hauteur d'environ 100 milliards de dollars par an.


Docteur en sciences politiques et ancien diplomate, Peter Dale SCOTT est l'auteur de nombreux ouvrages analysant la politique étrangère américaine, les narcotrafics et les opérations secrètes. Ses recherches et écrits mettent en lumière le concept de ce qu'il définit comme le « supramonde » (l'État profond dissimulé au sein de l'État public). Porte-parole du mouvement antiguerre lors du conflit vietnamien, il cofonda le programme d'études « Paix et Conflit » de la prestigieuse Université de Berkeley, où il enseigna la littérature anglaise durant près de 30 ans. Primé pour ses recherches en géopolitique, Scott est également un auteur reconnu pour son uvre littéraire dans le domaine de la poésie.


Peter Dale Scott, "La Route vers le Nouveau Désordre Mondial: 50 ans d’ambitions secrètes des États-Unis"